mardi 15 juillet 2008

27 juillet 2008 Qinghai, je me fais mon cinema!

Le Qinghai jadis traverse par la route sud de la soie ouverte par Marco Polo, se compose geographiquement d'un immense desert a l'ouest, de hautes montagnes a 5000 m et de vallees profondes au nord, enfin de l'acces au plateau Tibetain au sud. Vous placez le tout a une altitude moyenne superieure a 3000 m, vous y ajoutez quelques cols a 3800 m et vous avez le decor parfait pour le film des etapes de cette deuxieme province Chinoise de l'ouest. Une touche de lumiere du soir pour une bonne photo, une vallee enserree dans un etroit boyau entre des pans abruptes, arides, une veine d'eau que l'on passe a gue plusieurs fois, quelque rare verdure, un gardien geant haut de 3850 m dresse a l'entree de cette porte etroite, une piste qui flane en meandres tendres et lents, une perdrix rouge et sa compagnie de poussins pour le cote attendrissant et sauvage viennent completer la prise de vue. Les reperages placent en reserve cinq autre lieux de tournage: un desert de cailloux et de dunes ondulantes avec par sequence des tumulus ronds comme des pates de sable geant retournes et faconnes par le vent; des lacs, le Gan Hu vert emeraude d'ou l'on extrait le sel, le Qinghai Hu, immense, bleu acier, ou l'on vient profiter de la pleine nature; une grande ville, Xining 770000 habitants, la capitale du Qinghai, situee en son extremite est, bruyante, animee, cosmopolite ou toutes les religions se côtoient en quelque pas; et enfin les temples tibétains de Huangzhong situes a 26 km de la capitale et Taoistes troglodytes de Bashen Si, dont les falaises bordent la ville au nord. Ils exhibent une architecture et un mobilier millenaire. Les touristes locaux les visitent au milieu des fideles qui prient des divinites recouvertes d'or et de soie. Pas de film sans hero. J'en serai un malgre moi. Car mes limites sont vite atteintes. Passe les carrieres de Mangnai Zhen, puis Huatugou la derniere ville, je suis aspire par le sable. Minuscule insecte cyclopedique, je lutte contre un vent de sable qui pique, sans reserve d'eau suffisante, des dunes a n'en plus finir et 4 nuits sous la tente ballotee par la tourmente. La production me poussera a en repousser le seuil. Car ici il n'y a rien. Compare, le tour du Takmaklatan est un pre-desert parseme d'oasis pour palais delicats. Tout film d'aventure a ses references historiques. J'imagine les caravaniers de marchands en l'an 1500. Chameaux et chevaux lourdement charges, avec quelle eau, quelle nourriture et quelle orientation avancaient ils en pleine insecurite? Mais revenons au scenario. Il faut ici prevoir les seconds roles qui s'emploieront naturellement a occuper le premier plan. Une cuisiniere de la DDE locale et des restaurateurs sous tente, pour le moins inattendus au detour de la route, qui m'accueilleront me fournissant eau et nourriture. Deux camionneurs qui au lieu de me transporter dans une ville fantome situe theoriquement a 40 km, me feront passer une nuit blanche, brise dans la cabine, pour me debarquer a Delhingha 240 km plus loin a 5h30 du matin! Deux policiers en jupon, une gentille souriante parlant Anglais et une mechante austere, fermee. Toc toc a la porte de l'hotel a peine franchie. "Cette cite est interdite aux etrangers, votre bus pour Xining vous attend dans 1/2 heure". Ces 500 kms me reduiront encore un peu plus. Car cette partie du parcours emprunte par l'excellente nouvelle route G 315 non repertoriee sur la carte traverse une zone occupee par des Tibetains. Visages ronds, joues rosees ils y ont érige des lieux de priere. Ils vivent au bord du lac selon des rites ancestraux, en tenue traditionnelle ceints de draps lourds, chapelets en jade, bois et os au poignet. On ne melange pas les heros et les simples figurants tout de meme! Un moine tibetain parlant Anglais me fera connaitre son monastere. Tres peu de texte pour les seconds role. Il ne m'en dira pas beaucoup plus egalement sur sa condition, sinon que son culte et sa liberte de circulation sont libres. L'epilogue du scenario me conduira a reprendre avec bonheur mon velo pour deux etapes de 120 kms menees bon train, si j'ose ecrire, vers Lanzhou, dans la province du Ganshu, au bord du fleuve jaune qui deverse son flot entre des vallees encaisees. Mais c'est une autre histoire...

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