samedi 10 mai 2008

11 mai 2008 Clermont-Regensburg

Ces sept premiers jours de route contiennent dans leurs mille kilomètres additionnés au compteur, ce subtil bouquet de sentiments qui confèrent au voyage à vélo un parfum d'aventure unique. Amitié dépouillée de tout artifice, bonheur simple, authentique, qui n'appartient qu'aux moments rares, souffrance, de la chair qui se rebiffe, pression aussi, soudain activée par l'angoisse de réussir ce pari fou: dompter ce long ruban d'asphalte qui va se perdre à l'est d'Eden en pays inconnu.
Retour et roue arrière sur ces premiers moments d'aventure.
D'abord, il y a l'émotion réservée du départ. Elle se devine dans les yeux du dernier carré d'amis rassemblés à 7 heures, place de Jaude. Les plaisanteries voilent à peine un mélange de crainte et d'admiration. Les yeux trahissent des interrogations qui restent au fond des gorges. Elles ne sont plus d'actualité. Vercingétorix, l'Arverne, renvoie de son bouclier l'écho du dernier"soit prudent !". Le petit groupe s'élance vers la plaine de limagne. Il y a là Raymond, Alain Francis relayés bientôt par Jean François Serge, Philippe et les copains de l'USAM, qui ont préparé cette première étape. Paulette ne fait plus de vélo et se réserve pour l'arrivée. La petite route qui serpente mollement jusqu'à Puy Guillaume semble retenir les 35 kilos roulants du cyclopède. La charge est lourde, trop lourde. Il faut l'alléger mais comment? Tout trouve son utilité au parcours. Les freins protestent et lâchent en premier sous le poids. Ce problème technique ne sera résolu que beaucoup plus tard à Ulm en Bavière. En attendant, il faut composer avec une réparation de fortune réalisée avec l'outillage embarqué. Ni la réception improvisée de monsieur le Maire de Lachaux, la pente bien nommée, et encore moins la voiture balai de la « Walco » qui me négligera au profit de la dernière participante me permettront de retrouver la sérénité sur les 130 kilomètres d'un parcours ô combien sélectif! La route se glisse maintenant dans la riche campagne Charolaise enjambant l'Arconce et le canal du centre pour soudain s'élever jusqu'à Buxy et découvrir sur le flanc sud de la Saône les premiers crus de Bourgogne. Bientôt ce sera les immenses champs de colza de la plaine du Jura qui monte tout doux jusqu'à Besançon. C'est la découverte de la véloroute dont le projet relie Nantes à Bucarest. L'ambiance est bon enfant sur cet ancien chemin de halage du canal du Rhône au Rhin. On peut y croiser rollers, promeneurs, pêcheurs de carpes et autres amoureux d'une nature paisible qui se contemple dans les eaux verdâtre du canal. Les petites usines ne sont plus qu'un reflet perdu de l'industrie du papier ou de la sous-traitance automobile. Elles font place à des bases de loisirs. Les gorges du Doubs prolongent, bucoliques, ce parcours vers Bâle et la première frontière qui s'étonne presque d'afficher son drapeau. La forêt noire de Sissi ne sera pas du gâteau avec des raidillons qui marquent les jambes : Elle fera place bientôt aux vallons de la Souabie puis aux plaines de Bavière où le vent de l'Est exerce son talent. Ainsi va la route du cyclopède, factionnée par tranches de 130 kilomètres entre campings improvisés jalonnee par les nombreuses églises perchées d'une campagne Bavaroise à la ruralité « bien mise ». Bientôt au détour du Danube surgiront les hautes maisons patriciennes de Régensburg qu m'accueille chaleureusement. Mais c'est déjà une autre histoire...

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